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Que ce soit dans une démarche de recherche artistique, ou né d’un désir d’acquérir plus d’aisance dans le chant ou l’expression orale, le « travail » de la voix peut nous mener bien au-delà d’une simple exploration vocale. Accompagnés par une personne vraiment à l’écoute et gardienne d’un cadre sécurisant et porteur, en se donnant simplement au chant, nous pouvons faire l’expérience de dépasser certaines limites imposées par la personnalité pour plonger un peu plus vers l’expression de qui nous sommes. C’est un véritable chemin vers soi dont je peux témoigner, nous « travaillons » la voix et la voix nous transforme sur bien des plans!


Lorsque j’ai pris mon premier cours au Centre Roy Hart, je pensais avoir déjà beaucoup exploré ma voix, et n’avoir pas grand-chose de plus à apprendre. Pourtant, au bout de quelques minutes à chanter pour l’oreille totalement disponible et présente de mon professeur, j’ai fondu en larmes.

C’était un choc pour moi qui connaît l’expérience scénique depuis que j’ai 13 ans !!

J’ai tout de suite su que ma voix allait me guider une fois de plus vers de nouveaux horizons, non plus à l’extérieur mais cette fois, à l’intérieur. Et c’est alors toute une aventure qui a commencé, accompagnée par différents professeurs, avant de me lancer moi-même à en devenir une.

Chaque stage est un voyage, j’y ai vécu tant d’éclosions, dans ces « cocons-groupes » où la bienveillance et l’écoute sont de puissant et aimants parents.


A condition de bien vouloir plonger dans l’expérience, chanter dans ce contexte d’écoute et de guidance empathique peut être comme une mise à nu . On peut se sentir fragile, ou puissant, parfois comme « touchée par la grâce ». Il arrive que l’on s’entende produire des sons et que l’on réalise à la fin « C’est moi qui ai fait ça ?! ».

J’y ai versé beaucoup de larmes, sur ces parquets, me suis confrontée à toutes sortes d’émotions et sentiments, j’ai chanté de tout mon coeur des mémoires qui surgissaient d’on ne sait où.

Lorsque nous remettons en mouvement des zones « muettes » du corps, et lorsque de nouveaux sons viennent mettre en vibration des espaces intérieurs figés car « mis en état de protection » depuis un temps indéterminé, certaines émotions enfouies peuvent ressurgir. Pour cela le cadre tenu par l’enseignant est très important, à la fois sécurisant et porteur.

Le travail consiste alors non pas simplement à laisser se vivre une « décharge émotionnelle », mais à guider l’élève à offrir cela dans le chant, le porter vers une expression consciente de l’être, et en faire une œuvre artistique de l’instant.

Ce chemin de la voix peut être en quelques sortes « initiatique ». C’est en tous cas la dimension que j’y ai senti dans ma propre expérience, et ce que je souhaite encourager dans les stages que je propose. Je suis d’autant plus heureuse de pouvoir animer en plus des stages "habiter sa voix", des stages en collaboration avec une thérapeute en transpersonnel. Nous utilisons ici clairement la voix comme un outil de connaissance de soi et d’évolution au même titre que les outils de la voie chamanique que suit Marion Rebérat.

Soutenu par les éléments, les plantes, le tambour et le travail vocal, ces stages en immersions ont pour but de s’alléger de limitations de la personnalité, pour aller vers l’expression de qui nous sommes vraiment.

Que ce soit pour les personnes sur un chemin artistique ou celles dans une simple démarche d’exploration et de connaissance de leur voix, ce processus vécu à travers les stages de chant est utile sur de nombreux plans.

Ces moments habités de vérité brute vécus dans les moments individuels notamment, seront source d’inspiration dans un travail ultérieur de recherche artistique pour la composition et l’écriture.

Sur la scène, l’interprétation ou l’improvisation resteront emprunte de la force de ces moments.

Je peux témoigner que ce travail m’aura permis d’être plus à l’aise sur scène, dans mon rapport au public.

Et puis, surtout, pour la vie en général, petit à petit à petit l’expression se délivre, les barrières de timidités et de doûte de nos capacité ou de notre valeur, les mémoires de honte ou autres formes limitantes commencent à fondre. Et alors quel sentiment de liberté !


Delphine, 04/09/2023



Les voix du corps, les voix de la vie


Avez-vous remarqué comme la joie est communiquée lorsque l’on écoute un bébé s’amuser à l’exploration sa voix ? Entièrement absorbé par la découverte d’un nouveau son, il va produire et reproduire ce même son pendant des heures, y revenir jour après jour pour en découvrir un nouveau etc. .. Parfois, cela ressemble à un chant, une mélopée. Les pleurs, les rires, les cris fusent en cascades que rien ne retient, déchargeant les flots d’émotions qui le traverse. Le bébé ne se prive jamais d’expression!


L’enfant grandit et la voix s’imprègne de nos histoires, de celles de nos parents, venant subtilement refléter notre intériorité pour le monde extérieur. Le langage vient remplacer les effusions vocales de l’émotion brute et les pudeurs et timidités s’installent, encouragées par la nécessité des codes sociaux et familiaux. La voix-cascade qui vient du ventre se fait mots, phrases, et petit à petit le lien corps-voix s’amenuise.

En tant qu’adulte, j’ai dû réapprendre à pleurer. Je me souviens de la jubilation que j’ai ressenti la première fois qu’en tant que femme je me suis laissée pleurer à pleine voix comme un nouveau né. C’était un pleur de tristesse mais quelle sensation de bien-être de pouvoir « pleurer toutes les larmes de mon corps » !


Petit à petit, j’ai autorisé les cris et hurlement de colère. J’ai cherché des endroits où j’étais sûre qu’on ne m’entendrait pas. A vélo sur une route de campagne, dans un coin de montagne isolé, et même la tête immergée dans une rivière !

Je ne sais pas si c’est une bonne voie, mais je pense que ces processus ont été des étapes importantes dans la déconstruction de la carapace un peu rigidifiée qui s’était accumulée autour de moi pendant de nombreuses années de répression de mes émotions. Maintenant, tout en ayant conscience de mes émotions , j’ai un peu plus de distance avec elles et il est rare que j’éprouve le besoin de crier, mais cela reste dans ma « boîte à outil du bien-être », au cas où !


La voix est aussi un amplificateur du plaisir physique. Ces voix font bien-sûr aussi partie des voix de la vie et se laisser aller, lorsque c’est possible, à exprimer son plaisir peut contribuer à augmenter le bien-être. Lorsque vous êtes détendu-e dans la sensation de plaisir, vous aurez peut-être remarqué que votre voix est différente, pouvant parfois être presque surprenante. C’est le larynx et particulièrement les « fausses cordes vocales », localisées au dessus des cordes vocales, qui se détendent avec le plaisir, laissant passer le son avec plus de fluidité. C’est notamment pour cela que le travail de détente corporelle pour le « travail » de la voix a une importance capitale !


En ce qui concerne la douleur physique, parfois cela fait du bien de se laisser aller à crier de douleur car ça peut décharger des tentions accumulées mais cela peut aussi être un amplificateur de la sensation, si le mental focalise sur le cri et s’attache à la douleur ou qu’il prend peur. Ces voix ont néanmoins beaucoup inspiré Alfred Wolfson qui est à l’origine du travail de recherche de Roy Hart sur la « gamme étendue » de la « voix humaine ». Je développerai cela dans un prochain partage.


Quand la voix se fait chant


Et puis parfois nos voix s’élèvent du coeur en mélodies, comme inspirées par un mouvement de l’âme qui cherche à s’exprimer. Un remerciement sincère à l’Instant, ou une joie exprimée de concert avec Ce qui Est. La voix se fait chant. Elle sort spontanément des enfants, des amoureux, des gens heureux, ce sont des rivières plus subtiles qui chantent simplement à la vie.



Chanter avec La Vie


Pourquoi chantons-nous sous la douche ? N’est-ce pas le contact de l’eau si douce qui nous rappelle au bonheur simple d’exister avant tous les problèmes ? En général, aller dans l’eau me donne envie de chanter. J’aime chanter aux vagues quand je nage, avec le son de la rivière, le bourdon d’une cascade.

Pendant plusieurs années, à chanter professionnellement, j’en avais oublié d’où venait mon chant. J’aime retrouver le gôut de chanter spontanément un chant improvisé pour et avec le Feu, le Vent, le Soleil, la Terre, la Lune... De joie, par gratitude, par amour.

Chanter pour la partie visible de l’Être, Sa création. Par soif de me sentir reliée à La Source, au Grand Tout. « Je chantais pour le vent, mais c’est lui qui chantait à travers moi »

Parfois c’est un chant de tristesse, si elle est là, pour élever mon émotion plus haut que l’apitoiement sur soi, l’offrir à l’Univers. Alors, il arrive souvent que la joie arrive dans la tristesse et que je me mette à danser !


Nous humains passons tous par le chemin de l’exploration de nos voix. La voix n’est pas réservée aux musiciens et il n’y a pas besoin d’être « chanteur » pour chanter. La voix intimement reliée au corps et à l’âme exprime notre être dans sa singularité et une expression libérée apporte du bien-être en ouvrant les vannes de l’énergie vitale. Le chant peut être aussi une manière de se relier, à sa propre intériorité, aux autres et au-delà de nos préoccupations quotidiennes, à... « plus grand que soi ».


Delphine, Mars 2023


« Je n’ai pas de voix », « Je chante faux », « je n’aime pas ma voix », « l'idée de chanter en public me paralyse », « Je ne chante que pour moi sous la douche », « l’improvisation me terrifie »

En tant qu’accompagnatrice sur le chemin de la voix, j’entends très souvent ces phrases, la plupart du temps bien ancrées dans un passé relié à un vécu d’humiliation, à l’école ou dans des contextes familiaux. « Pour les spectacles de fin d’année, on me demandait de faire du play-back », « mes frères se moquaient de moi lorsque je chantais ». Et que dire des cours de musique où l’on a été forcé à chanter pour une note sous les fous-rire des autres élèves ?

Avec de telles injonctions ou blessures, comment ne pas se couper de son chant, de sa voix, de son expression ?

Pourtant chanter fait partie de nos moyens d’expression les plus simples et peut être une réelle source de plaisir au quotidien !


Depuis que j’accompagne des personnes en stage ou en séances individuelles, en venant à l’écoute de ces voix, non pas dans une attente d’esthétique mais dans une écoute de ce qu’elles ont d’unique et d’authentique, j’ai vu beaucoup de gens surpris d’entendre eux-même leur voix différemment. Et commencer à l’écouter et l’aimer pour ce qu’elle est, un potentiel de créativité et d’expression de l’être, riche des empreintes de leur vie.

Et j’ai été témoin d’ « éclosions de voix » chez des personnes qui pensaient « ne pas en avoir », j'ai entendu des gens avec une problématique d'inhibition chanter librement devant moi pour se rendre compte ensuite qu'ils avaient naturellement improvisé une mélodie. D’autres, au début incapables de reproduire une note proposée, parviennent petit à petit au fil des séances, à « sentir le lieu » dans leur corps pour entendre et produire la note juste.

Alors, oui, je peux affirmer que tout le monde peux chanter !

Pour moi ces moments de réconciliation avec la voix sont de véritables moments de guérisons, d’accueil de parts importantes de nous-même laissées de côté depuis longtemps parce que somme toutes, on peut très bien vivre sans chanter …


J’ai aussi pu constater sur la durée comme le fait d’entamer un processus de rencontre avec sa voix avait une réelle influence sur le bien-être hors du cadre du cours. Des personnes ont témoigné de changements dans leur état d’ouverture au monde, de ce que ce travail apporte dans leur vie.

De manière générale par le son et le mouvement, nous nous incarnons plus sensiblement dans nos corps et le mental se pose, la joie d’être s’invite naturellement en ouvrant les coeurs, et augmente énergie et vitalité !


Chanter est bien plus que produire des notes, ça peut venir pour exprimer une émotion, ou une image, offrir un peu de ce qui nous anime de l'intérieur... Chanter peut être aussi, sortir de "moi" pour se relier à "Soi".

Dans mon histoire, chanter a souvent été un moyen d’exprimer mon état intérieur, grande joie ou légèreté d’être, mélancolie, état de grâce, tristesse ou colère. N’oublions pas ce que contient le mot « Ex-Pression » ! Adolescente, j’ai souvent inconsciemment cherché à chanter sur des musiques qui exprimaient un fond émotionnel qui ne sortait pas par la parole, c’était une réelle soupape de sécurité !

Chanter c’est aussi se relier aux autres autrement que par le mode habituel de la parole.

Les chorales, les stages, les moments de retrouvailles avec les chants communs aux familles que l’ont ressort pour l’occasion, les soirées autour du feu, les karaokes, les cercles de chants sacrés ou autres, sont autant d’espaces propices au partage de la joie de vivre, à l’intention de célébrer la vie.

J’ai pu expérimenter dans des ateliers ou sur des festivals comme le chant en certaines circonstances élève de façon presque palpable le « niveau d’énergie » des chanteurs et du groupe. J’aime particulièrement les moments que j’appelle « cercles d’improvisation ».

En laissant les regards, les corps, les souffles et les voix s’accorder dans une présence à l’instant, le chant vient alors, il me semble, nourrir l’Être profondément. Il y aura encore beaucoup à dire, à jouer, à explorer...Souvenons-nous que nous avons dans notre larynx un magnifique potentiel d’expression, de ressourcement et de reliance !


Delphine, décembre 2022

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