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Dernière mise à jour : 14 nov. 2024

Le coeur qui s’emballe, les mains et les pieds moites, la bouche qui devient pâteuse, les doigts crispés, le souffle court… Certain-es d’entre vous connaissent bien ces sensations désagréables qui s’enclenchent lorsque l’on va monter sur scène ou parler en public. L’émotion peut être tellement forte qu’elle déclenche systématiquement des tremblements, des pleurs, ou même la nausée. On peut avoir envie de fuir , de retourner sous la couette, même si on est sur le point de vivre un moment qui nous rapproche de notre rêve, de nous même. Et le corps en stress rend la prise de parole d’autant plus difficile ! La voix tremble et se fait toute ténue, le feu monte au visage, les mots nous échappent, la concentration peut être difficile et parfois...c’est le blanc intersidéral.


Comment gérer ce corps qui, aux prises avec la peur, semble faire sa vie tout seul et ne plus vouloir nous répondre ?

Quelles sont les origines de cette peur qui semble si profondément installée qu'elle échappe à tout résonnement ou contrôle?

Que faire quand on a un personnage intérieur auto-dénigrant qui entrave notre pleine expression?

Et finalement, le trac pourrait-il être à notre service?



Les pouvoirs de la peur

Je parle en connaissance de cause car c’est du vécu ! Je suis montée pour la première fois sur scène à 13 ans. J’ai eu une angine blanche toute la semaine précédant la soirée où je devais chanter 3 chansons devant les élèves et les profs de mon collège/lycée. Le mal de gorge a disparu le jour-j en montant sur scène.

 Ca m’est arrivé une autre fois pour un tremplin où je devais remplacer la chanteuse dans un groupe en compétition, pour la première partie d’un concert d’Olivia Ruiz : Après l’angine carabinée, j’ai été prise de nausées 5 minutes avant de monter sur scène et j’ai cru que je n’allais pas pouvoir chanter au risque de vomir au pied du micro. Après les quelques mesures d’intro musicales, lorsque ça a été à moi de chanter, je l’ai vécu : Le blanc. Plus rien. Rien de rien. Impossible de retrouver les premiers mots de la chanson. C’est comme dans un cauchemar...sauf que c’est vrai ! Finalement j’ai assumé et j’ai fait recommencer le morceau et ouf, j’ai démarré. Le jury a été indulgent et on a même gagné le tremplin.


Comment vivre avec le trac ?

Depuis, ça s’est calmé mais il m’arrive encore d’avoir le trac. J’aime bien le nommer à l’auditoire. Ca m’aide à le vivre de façon plus fluide et ça contribue je crois à me rapprocher du public. Je n’ai plus envie de me « blinder » pour paraître sûre de moi, j’ai envie d’être authentique et transparente.

De toutes façons, je suis quelqu’un qui rougit : impossible de dissimuler mon émotion ! Même pour des prises de paroles en groupe cela peut encore m’arriver. Et bien...pourquoi encore tenter de se cacher, après tout, n’est-elle pas belle cette émotion qui fait de moi une humaine bien vivante ? Oui j’ai la frousse, mais je suis là à parler, à chanter à coeur ouvert, je viens partager qui je suis vraiment, une humaine qui tremble parfois et qui a du feu à revendre !


N’empêche que parfois, les symptômes du tracs sur le corps sont vraiment gênant, ils nous desservent et peuvent vraiment gâcher ce qui devrait être un moment de partage.

Alors comment gérer ce corps qui semble faire sa vie tout seul et ne plus vouloir nous obéir ?

Ma technique, accepter. « Ok mon vieux, tu as peur, c’est ok. Tremble, transpire. Et moi, je descends dans les pieds, je reviens dans toi et j’accepte les sensations, ce que tu vis ».

Je les accepte mais je ne focus pas sur ces sensations. J’essaye de rester focus sur ce que j’ai à faire.

J’aime bien pratiquer du Wutao aussi avant les concerts, c’est une bonne façon de faire circuler les émotions, d’oxygéner mon corps, de fluidifier mon mouvement, de calmer ma respiration. N’importe quelle pratique respiratoire et de centrage, j’imagine, aidera.

J’ai fait un bon nombre de concerts sous tension, sans pouvoir vraiment m’amuser… Quel dommage. Vivre son rêve sans pouvoir en profiter, c’est un non-sens !

Voilà, tout ça marche assez bien, le trac diminue assez rapidement et j’ai maintenant la plupart du temps plaisir à être sur scène !


Origines dans l’inconscient collectif

Avec des stagiaires, on a eu récemment cette conversation, ce qui m’a inspiré cet article.

Quelle peur viscérale peut être aussi forte pour déclencher autant de crispations et d’affolement du corps !?

Bien sûr il peut y avoir certains enjeux plus ou moins important selon les cas. Mais si l’on se résonne, il est rare que l’on risque véritablement sa vie, sa liberté, sa carrière en prenant la parole, ou même l’amour de nos amis ou parents.

Parfois, aucune pensée consciente d’anticipation ne semble à l’origine du déclenchement du trac. On peut se sentir mentalement et émotionnellement tranquille, et voilà le corps qui s’agite 15 minutes avant de monter sur scène.

Sûrement bien des mémoires sont là, plus ou moins conscientes peut-être, (j’ai souvent évoqué les traumas de l’enfance dans d’autres articles) , mais souvent inconscientes et profondément ancrées.

Lorsque nous parlons ou chantons devant un public, nous sommes face à un groupe. On s’est extrait de la communauté et nous nous mettons à nu devant elle. Va-t-elle recevoir ? Juger ? Aimer ?

Trac qui vient du vieux français « trace », ça évoque quand même « la traque », hein ?

N’oublions pas qu’autrefois, dans des cultures où l’individu avait moins d’importance que la communauté, pour une simple question de survie l’appartenance au groupe était vital, le rejet, mortel.

Une foule peut aduler et couvrir de gloire et d’honneurs, elle peut aussi condamner, lapider, hurler devant un bûcher. Toute cette mémoire collective, notre corps en est pétri ! Alors, tout doux mon corps, tout va bien, je suis ici et maintenant. Je respire…


Les pensées projetées

Certains personnages intérieurs sont bien tenaces. Lorsque l’on intervient pour un public, l’expression ne va souvent que dans un sens. Il n’y a souvent pas ou peu d’échange verbal avec l’auditoire et on peut se sentir seul, ne sentant pas de lien avec l’auditoire. Parfois, les visages n’expriment rien d’évident dans le sens d’une approbation, d’un plaisir à être là ou d’une émotion. C’est alors facile pour le personnage intérieur auto-dénigrant de faire son apparition, et de questionner notre légitimité à occuper cette place, et cela en plein milieu de la prestation ! Ce sont de véritables pensées parasites dans notre champ de conscience à l’affût du moment propice pour se projeter sur notre auditoire. « ohlala, ils s’ennuient, ils n’aiment pas, ils me trouvent nul-le, je ne les intéresse pas, qu’est-ce que je fais-là ?... ». J’ai plongé tellement de fois dans leur manège pendant mes concerts ou lors de prises de paroles !

Tout comme les symptômes corporels, on peut apprendre à les repérer et les laisser passer sans s’identifier à elles. Et ça marche. Si l’on ne rentre pas dans leur jeu elles s’en vont immédiatement.

Cela va aussi pour le moment d’après la prestation : On peut regarder avec bienveillance les endroits à améliorer mais ne pas donner crédit aux rengaines d’auto-dénigrement qui viendraient alimenter la banque à parasites pour la prochaine fois !


Il est important, je crois, de se tester, dans le cas d’une performance scénique ou oratoire, devant des personnes de confiance qui auront des retours bienveillant. Aller doucement dans le processus de se mettre en scène si on a tendance à avoir ce genre de parasitage. Même si la confiance en soi se trouve petit à petit à l’intérieur de nous même, je remercie infiniment les personnes de mon entourage qui m’ont témoigné leurs encouragements et leur foi en mon travail artistique. C’est si précieux quand on est du genre à doûter de soi !


Etrangement, je peux témoigner que plus j’ai avancé sur mon chemin d’authenticité, plus rares se sont faites ces pensées d’auto-dénigrement, jusqu’à disparaître complètement. J’ai souhaité longtemps cette tranquillité et j’ai vraiment à coeur d’accompagner les personnes qui viennent à moi pour les aider dans ce processus de libération.



Ré-écrire l’histoire

Le travail en groupe dans les stages est tellement réparateur. Il permet de ré-écrire une nouvelle histoire sur les vieilles mémoires d’humiliation, d’exclusion, de jugement, de bannissement etc .

Regarder le groupe non plus comme un juge potentiel mais comme un soutien, une tribu, une famille qui est là pour nous accompagner à nous élever ! Et considérer la prestation, la performance ou le partage oral non plus comme un moment de séparation d’avec le groupe mais une occasion de vraie reliance, d’offrir ce que nous sommes, un moyen de contribuer avec notre couleur à rendre le moment plus vibrant, plus créatif, unique !

Au début le cours individuel devant les autres est impressionnant, et puis leur regard bienveillant, leur écoute, cela nous permet de nous détendre. Sentir que les autres sont comme nous, traversent les mêmes doûtes et angoisses est aussi, en un sens, rassurant.

Cercle de parole après cercle de parole, jeu de scène après jeu de scène, on apprend à prendre sa place, à se faire confiance. Se déposer dans son corps et parler en diffusant bien sa voix pour être entendu.



Merci le trac !

Aller, ce n’est pas que du bad, le trac c’est aussi un bon coup d’adrénaline pour beaucoup d’entre-nous. Une fois les désagréments passés, on constate qu’il a contribué à nous mettre dans un état de conscience accrue, nous rendre plus présent-e. Par rapport à une simple répé, il a rendu le moment unique et nous a peut-être amené à nous dépasser sur scène.

Et puis, en plus d’être un guru (tyrannique certes) le trac nous invite au travail en amont. Et oui, plus on maîtrise notre sujet et plus il sera facile de garder notre fil malgré les sensations difficiles (Ouah ça rime!). En tout cas, pour ma part qui ne suis pas une férue d’auto-discipline pour le travail, le fait de connaître le trac me motive. En me sentant bien préparée, je donne moins de prise à l’émotion et aux doutes lorsque je suis avec un public.

Et puis, ces pensées parasites dans le contexte de scène ou d’un auditoire m’ont amenée à faire un vrai travail sur moi. J’ai suivi un accompagnement psy en parallèle du travail de la voix qui contribue aujourd’hui à ce que je me sente mieux dans les autres domaines de ma vie… Ce n’est jamais fini… j’ai encore tellement à bouger, à apprendre, à grandir… Mais chaque pas comptant, merci le trac !


Photo du rédacteur: Delphine CAMDelphine CAM

Ce dont la voix a besoin, c’est avant tout ton « autorisation ».


Pour que la voix se livre, qu’elle se déploie pour exprimer pleinement ce que nous sommes, il nous faut trouver le « oui » intérieur et profond qui dit à notre voix: « vas-y ! ». Et le dire non pas seulement avec les cordes vocales, mais bien sûr avec tout le corps.


Les chambres de résonnance


Celui-ci est une grande caisse de résonance, avec différentes « espaces » où la voix produite par les cordes vocales peut être amplifiée. Nous travaillons plus particulièrement sur l’espace creux du bassin, des côtes, de la poitrine, de la bouche et du crâne. Ainsi, en augmentant notre capacité à résonner, nous gagnons en plénitude et en volume sonore. Nous n’auront plus besoin de crier pour nous faire entendre, car le son se diffuse depuis le corps entier.

 En explorant la voix, accompagné en individuel ou en groupe, nous allons conscientiser les chambres de résonance à partir desquelles le son va pouvoir se déployer à l'extérieur.

Ces nouveaux chemins dans l’utilisation de notre corps ouvrent la voie à de belles transformations. En habitant mieux ces zones corporelles nous pourrons agir sur la couleur de notre voix, ses textures, son timbre... et nous offrir un merveilleux espace de liberté.

 

Détendre les muscles impliqués dans la phonation


De nombreux muscles influencent notre voix, modifiant la qualité de notre souffle et la capacité à résonner de notre corps. Il est primordial qu’ils puissent se détendre et faire également preuve de tonicité. C’est le rôle des temps d’échauffements où nous plongeons dans une écoute fine du corps.

On parle le plus souvent du diaphragme pulmonaire ou thoracique qui lorsqu’il se détend, va chasser l’air des poumons. S’il ne se détend pas vraiment, il sera difficile de faire résonner le son dans la poitrine et on pourra avoir l’impression de manquer de souffle. S’il manque au contraire de tonicité, les poumons ne pourront pas se remplir totalement.

Les muscles inter-costaux jouent aussi un rôle majeur dans le déploiement du souffle et donc pour le chant, mais aussi le psoas autour du bassin, les muscles abdominaux, le carré des lombes dans le bas du dos…Sans parler de ceux de la mâchoire, qui retient souvent tant de tension.


Nous allons pendant les cours et les ateliers, également libérer les crispations qui se placent sur la bouche, les lèvres, la mâchoire, la langue, le voile du palais, le larynx. Et dans le corps tout entier, les endroits qui par habitude ou suite à des trauma, disent non à l‘expression.


Travail en douceur grâce à l'imaginaire et à la poésie!


Les zones du corps qui souvent inconsciemment « disent non » à l’expression ont sûrement de bonnes raisons de « faire barrière », mémoires douloureuses voulant nous protéger d’avoir à revivre une situation désagréable, voir traumatisante... Alors nous prenons soin de ne pas forcer. C’est pourquoi j’aime l’utilisation d’images poétiques, théâtrales ou les jeux dans le travail de la voix, qui vont amener la personne à se détendre et lâcher le mental…

Imaginer être le vent ou l'eau, une diva ou un animal nous permet de sortir de notre histoire personnelle souvent limitante, et offrir au corps des nouvelles voix d'expression. La magie opère et les nouveaux chemins se font tout seul, à partir de l’imaginaire.

 

Lorsque la mobilité est retrouvé, de l’espace se crée à l’intérieur, permettant à tout le corps de résonner. La voix peut se poser, et petit à petit trouver son mouvement naturel. Sa sensibilité personnelle qui fera d’elle une voix libre et unique… Comme toi !


Photo du rédacteur: Delphine CAMDelphine CAM

J’entends souvent que l’improvisation suscite de l’appréhension, voir carrément de la peur. Pour bon nombre de personnes qui viennent à mes cours ou mes ateliers, interpréter une chanson offre un cadre sécurisant mais laisser aller sa voix sur des accords ou sans support musical représente un véritable challenge. 

 

Et cela est tout à fait compréhensible, car comme pour toute chose ça demande des essais, des couacs, de l’entraînement, du lâcher prise...mais je dirais surtout, du temps passé à jouer à ça!

 

La voix livre une forme de notre intimité, et l’improvisation la laisse parler sans mot de nous même, c’est pourquoi cela peut véhiculer tant de timidité. Pourtant c’est la pratique qui avec la danse libre, m’a procuré le plus de sensations de liberté. La voix peut virevolter comme un papillon, onduler comme un poisson, elle peut s’aplatir pour bondir comme un chat, craquer comme une écorce, s’envoler et planer comme un oiseau...L’improvisation c’est avant tout un voyage ! Quand je chante, je me sens libre. Et c'est cette sensation de liberté que j'ai tant à coeur de partager.

 

Alors entrons pas à pas dans cette pratique. Voici quelques ingrédients pour votre impro. En stage nous abordons tout ça de manière progressive et très ludique, et toutes les personnes qui viennent vers moi avec des appréhensions finissent par improviser sans même s’en rendre compte !


Le premier ingrédient c’est l’abandon au son. T’es-tu déjà laissé captiver par le son ? L’as-tu laissé t’embarquer, te faire vibrer dans ton émotion jusque dans tes tripes ?

Un bon concert peut faire ça, une musique, un chant...Alors laisse-toi attraper par ta propre voix. C’est ce que tu vas vivre en cours individuel par exemple ou dans les cessions individuelles des stages. Le cadre offert va te permettre d’oublier les jugements que tu peux porter sur ta voix (positifs ou négatifs) et te donner la possibilité de choisir de plonger dans ton son. C’est une expérience magnifique.

Et puis, ainsi écoutée, ainsi libérée, la voix va prendre le contrôle et chanter d’elle-même. Tout cela bien sûr peut demander du temps, surtout pour laisser de côté les jugements et les habitudes d’inhibition, mais on se prend facilement au jeu !


Ensuite, on va jouer avec différentes variables, qui vont faire de notre impro une véritable histoire ! A commencer par le ton, c’est à dire les « hauteurs ». C’est un voyage entre les graves et les aigus, aidé par des images et par notre conscience corporelle. C’est là aussi un apprentissage qui demande d’acquérir des repères petit à petit.

On va aussi apprendre à jouer avec les volumes et le rythme, aidés par la conscience du souffle. Les timbres ou les couleurs du son. Il y a une quantité innombrables de jeux et d’exercices pour s’amuser avec tout ça et apprivoiser doucement l’impro. Tous ces jeux vont tout naturellement enrichir votre vocabulaire et petit à petits, vous vous sentirez moins démunis pour entrer dans l’impro.


Et puis, il y a la question de la musicalité. Il peut être plus difficile d’improviser sur une musique jouée au piano par exemple. Les personnes que j’ai en cours craignent parfois d’être « à côté ».

Je dirais que c’est une nouvelle étape qui demande d’affiner la « boucle audio-phonatoire », c’est à dire le lien entre ce que l’on entend et le son que l’on produit. Le fait d’avoir écouté de la musique étant enfant favorise cela bien-sûr, mais si cela n’a pas été le cas, il est toujours temps de le faire une fois adulte. C’est en sorte faire un pont entre l’écoute et de la production du son.


Mais surtout ne vous privez pas du plaisir du chant spontané même si vous ne parvenez pas encore à chanter dans le ton. Chantez avec un tambour, chantez sans instrument, au vent, aux arbres, offrez votre chant ! Je connais des personnes incapables de reproduire une chanson qui s’éclatent au chant spontané et qui osent l’offrir autour d’eux...Lancez-vous ! Il suffit parfois d’un déclic, souvent les personnes au sortir de stages témoignent de la joie qu’elles ont à chanter plus librement depuis qu’elles ont sauté le pas et se sont engagées dans le travail… « Travail », drôle de mot… Envie de Jouer ?… Place à l’impro !


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