top of page
Rechercher

J’entends souvent que l’improvisation suscite de l’appréhension, voir carrément de la peur. Pour bon nombre de personnes qui viennent à mes cours ou mes ateliers, interpréter une chanson offre un cadre sécurisant mais laisser aller sa voix sur des accords ou sans support musical représente un véritable challenge. 

 

Et cela est tout à fait compréhensible, car comme pour toute chose ça demande des essais, des couacs, de l’entraînement, du lâcher prise...mais je dirais surtout, du temps passé à jouer à ça!

 

La voix livre une forme de notre intimité, et l’improvisation la laisse parler sans mot de nous même, c’est pourquoi cela peut véhiculer tant de timidité. Pourtant c’est la pratique qui avec la danse libre, m’a procuré le plus de sensations de liberté. La voix peut virevolter comme un papillon, onduler comme un poisson, elle peut s’aplatir pour bondir comme un chat, craquer comme une écorce, s’envoler et planer comme un oiseau...L’improvisation c’est avant tout un voyage ! Quand je chante, je me sens libre. Et c'est cette sensation de liberté que j'ai tant à coeur de partager.

 

Alors entrons pas à pas dans cette pratique. Voici quelques ingrédients pour votre impro. En stage nous abordons tout ça de manière progressive et très ludique, et toutes les personnes qui viennent vers moi avec des appréhensions finissent par improviser sans même s’en rendre compte !


Le premier ingrédient c’est l’abandon au son. T’es-tu déjà laissé captiver par le son ? L’as-tu laissé t’embarquer, te faire vibrer dans ton émotion jusque dans tes tripes ?

Un bon concert peut faire ça, une musique, un chant...Alors laisse-toi attraper par ta propre voix. C’est ce que tu vas vivre en cours individuel par exemple ou dans les cessions individuelles des stages. Le cadre offert va te permettre d’oublier les jugements que tu peux porter sur ta voix (positifs ou négatifs) et te donner la possibilité de choisir de plonger dans ton son. C’est une expérience magnifique.

Et puis, ainsi écoutée, ainsi libérée, la voix va prendre le contrôle et chanter d’elle-même. Tout cela bien sûr peut demander du temps, surtout pour laisser de côté les jugements et les habitudes d’inhibition, mais on se prend facilement au jeu !


Ensuite, on va jouer avec différentes variables, qui vont faire de notre impro une véritable histoire ! A commencer par le ton, c’est à dire les « hauteurs ». C’est un voyage entre les graves et les aigus, aidé par des images et par notre conscience corporelle. C’est là aussi un apprentissage qui demande d’acquérir des repères petit à petit.

On va aussi apprendre à jouer avec les volumes et le rythme, aidés par la conscience du souffle. Les timbres ou les couleurs du son. Il y a une quantité innombrables de jeux et d’exercices pour s’amuser avec tout ça et apprivoiser doucement l’impro. Tous ces jeux vont tout naturellement enrichir votre vocabulaire et petit à petits, vous vous sentirez moins démunis pour entrer dans l’impro.


Et puis, il y a la question de la musicalité. Il peut être plus difficile d’improviser sur une musique jouée au piano par exemple. Les personnes que j’ai en cours craignent parfois d’être « à côté ».

Je dirais que c’est une nouvelle étape qui demande d’affiner la « boucle audio-phonatoire », c’est à dire le lien entre ce que l’on entend et le son que l’on produit. Le fait d’avoir écouté de la musique étant enfant favorise cela bien-sûr, mais si cela n’a pas été le cas, il est toujours temps de le faire une fois adulte. C’est en sorte faire un pont entre l’écoute et de la production du son.


Mais surtout ne vous privez pas du plaisir du chant spontané même si vous ne parvenez pas encore à chanter dans le ton. Chantez avec un tambour, chantez sans instrument, au vent, aux arbres, offrez votre chant ! Je connais des personnes incapables de reproduire une chanson qui s’éclatent au chant spontané et qui osent l’offrir autour d’eux...Lancez-vous ! Il suffit parfois d’un déclic, souvent les personnes au sortir de stages témoignent de la joie qu’elles ont à chanter plus librement depuis qu’elles ont sauté le pas et se sont engagées dans le travail… « Travail », drôle de mot… Envie de Jouer ?… Place à l’impro !


Que ce soit un stage où la voix est la thématique principale, un stage Voix et Arts graphiques ou un stage « voix et chamanisme » dans lequel la voix est explicitement amenée comme un outil de connaissance de soi dans un cadre rituel, ce travail est très souvent un déclencheur de profondes libérations.

J’ai à coeur dans cet article de vous partager quelques témoignages de participant-es qui sont ou ont été engagés dans le travail de la voix, évoquant leurs ressentis lors des temps de partage après ces jours intenses de voyage en stage, à chanter, bouger, danser, parler, rire, pleurer parfois aussi...

Aller dans ses "terra incognita"

Bon nombre de gens qui viennent en stage chantent déjà, en chorale notamment, mais n’ont jamais eu l’occasion de rencontrer leur « propre » voix. Certaines personnes disent se cacher un peu derrière le groupe. J’ai moi-même fait partie de chorales et je ne peux que recommander cette expérience magnifique qu’est celle de faire partie d’un choeur et de vibrer de concert avec un groupe de 40 ou 50 personnes !

Bien souvent cependant, nous sommes assignés à un pupitre et ne sortons plus d’un registre de tessiture vocale. Ainsi par exemple, je rencontre bon nombre de « soprani » qui n’ayant jamais été encouragées à aller explorer leurs voix graves, rencontrent des difficultés à « descendre » dans les graves.

Elles connaissent d’elles des voix aiguës et bien « polies » du chant lyrique, mais ignorent leur voix profonde, « ancestrale », celle des racines. N’est-ce pas là un vestige de l’image trop longuement portée de la femme occidentale justement « bien polie », qui se devait d’exprimer la grâce et la « féminité » mais rester à une place bien définie et se contenir?

Ainsi Anne me témoigne avec émotion qu’elle vient de réaliser la puissance que contient sa voix, et comme elle est heureuse de repartir avec des outils pour continuer cette exploration.

Emmanuël ou Martine me disent avoir vécu comme un accouchement de leur propre voix !

D’autres personnes ont au contraire besoin d’autoriser la douceur dans le geste vocal et vont, comme Fabien, s’étonner de leur propre capacité à offrir leur sensibilité.

Pour moi, voir quelqu’un sortir de sa zone vocale connue, le regard étonné de s’entendre lui-même est un véritable cadeau, car je sais que cela ouvre des portes à de nouvelles possibilités pour sa vie, en dehors du domaine du chant.

A la rencontre de sa propre créativité

De même, l’espace créatif au niveau vocal est un domaine assez peu exploré pour la plupart des gens, notamment les personnes qui chantent en chorale puisque ce n’est simplement pas l’objet d’un choeur. Certains me disent aussi être habituées à reproduire des chansons mais veulent connaître « leur » voix.

Le travail corporel associé a celui de la voix a pour but notamment de libérer l’espace créatif.

J’entends souvent en début de stage le désir de gagner en « liberté de la voix » dans le chant et dans l’expression en général.

Parfois, faire simplement des bruits avec la voix est difficile car associé à des jugements intimement ancrés dans la personnalité. Marie qui suit un accompagnement individuel régulier, témoigne qu’en osant plus de relâchement dans son corps, elle se libère des limitations dans son expression.


Je me souviens aussi de Géraldine qui avait l’impression de chanter de façon « scolaire » et souhaitait sortir d’un formatage. Au bout d’un deuxième jour de stage et après notamment un travail d’ancrage en échauffements, le groupe entier a été sincèrement touché par sa magnifique improvisation en « cours en petit groupe ». Elle même s’est émerveillée d’avoir « chanté avec tout le corps », d’avoir « chanté plus vrai » et a parlé de revenir d’un véritable voyage !

J’ai bien souvent le retour de personnes qui étaient peu connectés à leur corps et qui expriment à la fin du stage « l’avoir retrouvé ». Ils sentent en eux plus d’espace et son émerveillés par l’intelligence corporelle.


Inviter l'intuition

L’espace de l’enfant intérieur est rappelé dans ces moments de stage où l’on joue beaucoup.

C’est aussi un temps prolongé où l’imaginaire est invité à travers les jeux où je propose de vocaliser des personnages.

C’est ce dont témoigne Céline qui repart d’un stage de 2 jours pleine et nourrie dans son imaginaire.

Nous nous émouvons particulièrement lorsque littéralement pétillante, elle nous partage son étonnement de la fluidité qu’elle a rencontré au-delà des jugements qu’elle a sur sa voix habituellement. Elle a jubilé à jouer comme une enfant, et tout simplement, à être elle-même !


L’intuition est encouragée dans les espaces de mouvement libre et de chant spontané. Parfois en lien avec les éléments sur le lieu du stage ou en résonance avec un vécu, des images ou sensations particulières surgissent dans un moment chanté.

Karine a senti une profonde connexion à la mer lors d’un chant face à l’océan, et s’est sentie reliée à une grande énergie. Elle qui vivait des moments très difficiles repart avec une nouvelle vitalité.

Sylvie est incroyablement émue après un passage individuel en stage de s’être sentie en lien avec une personne chère avec qui elle ne peut plus communiquer.

Marine qui partage son expérience du stage « voix et chamanisme » a senti que l’espace rituel lui a permis de mettre en lumière son intention et de mettre un focus sur ce qu’elle souhaitait transformer. Le travail de la voix associé au mouvement lui a permis de sentir instantanément dans le corps des émotions de joie, de peur ou de tristesse en lien avec cette intention.



La force réparatrice du groupe

Je m’émerveille toujours de voir comme le groupe favorise de façon évidente ces libérations.

Fanny au sortir d’un stage dit se sentir comme étant « passée à la machine à laver » et qu’elle se sent allégée d’un paquet de doutes. Elle à l’impression d’avoir « nettoyé des générations », et est frappée par les miroirs qu’elle a rencontré dans ce stage.

Iris est touchée par l’amour dans le groupe. Elle est heureuse de s’être écoutée et d’avoir pu donner du soin à la petite fille en elle, de s’être offert de vivre un espace de guérison et libérateur.

Elle a ressenti un profond sentiment de sécurité qui lui a permis de trouver le courage d’aller explorer sa voix au-delà de ses limitations.

Marie me partage directement : « Ce travail m’a servi à aller toucher des espaces émotionnels que je n’aurais pas touché par ailleurs avec d’autres outils.

Il m’a proposé des chemins corporels, sensitifs et cognitifs jusqu’alors inconscients

J’ai expérimenté des libérations émotionnelles, j’ai pleuré, cela m’a soulagée. Le travail me permet de mettre en lumière des zones d’ombre. »


De la timidité au plaisir d'offrir

Je rencontre beaucoup de personnes qui expriment une timidité qui les dérange au quotidien. Peut-être ne manquent-ils pas de créativité, mais ils n’ont pas rencontré d’espace suffisamment rassurant pour pouvoir l’offrir !

Katell disait se sentir toujours en retenue et n’osait pas chanter devant les gens, elle disait vouloir pouvoir chanter quand elle veut. Au cercle de partages, elle est émue d’avoir ouvert et d’avoir senti une liberté d’être dans ses voix. Son expérience à elle est d’avoir chanté pour chacune des personnes du groupe et elle a adoré ça !



En sortant de nos zones de confort en stage, vocalement, corporellement, nous nous offrons la possibilité de nous surprendre et de dépasser des limites. Que ce soit pour enrichir son chant, dans une démarche artistique ou simplement pour ouvrir de nouveaux horizons au quotidien, le travail de la voix nous offre un merveilleux outil, développant à la fois intuition et créativité. Quelle joie de vous accompagner dans ces espaces d'émotion et de lâcher prise, quelle merveille d'être là pour entendre ces voix magnifiques, uniques, sortir à gorge déployée et s'offrir généreusement au delà des timidités. J'ai une immense gratitude. Continuons de plus belle et que résonnent nos corps et nos voix!


Delphine 03/12/2023





Que ce soit dans une démarche de recherche artistique, ou né d’un désir d’acquérir plus d’aisance dans le chant ou l’expression orale, le « travail » de la voix peut nous mener bien au-delà d’une simple exploration vocale. Accompagnés par une personne vraiment à l’écoute et gardienne d’un cadre sécurisant et porteur, en se donnant simplement au chant, nous pouvons faire l’expérience de dépasser certaines limites imposées par la personnalité pour plonger un peu plus vers l’expression de qui nous sommes. C’est un véritable chemin vers soi dont je peux témoigner, nous « travaillons » la voix et la voix nous transforme sur bien des plans!


Lorsque j’ai pris mon premier cours au Centre Roy Hart, je pensais avoir déjà beaucoup exploré ma voix, et n’avoir pas grand-chose de plus à apprendre. Pourtant, au bout de quelques minutes à chanter pour l’oreille totalement disponible et présente de mon professeur, j’ai fondu en larmes.

C’était un choc pour moi qui connaît l’expérience scénique depuis que j’ai 13 ans !!

J’ai tout de suite su que ma voix allait me guider une fois de plus vers de nouveaux horizons, non plus à l’extérieur mais cette fois, à l’intérieur. Et c’est alors toute une aventure qui a commencé, accompagnée par différents professeurs, avant de me lancer moi-même à en devenir une.

Chaque stage est un voyage, j’y ai vécu tant d’éclosions, dans ces « cocons-groupes » où la bienveillance et l’écoute sont de puissant et aimants parents.


A condition de bien vouloir plonger dans l’expérience, chanter dans ce contexte d’écoute et de guidance empathique peut être comme une mise à nu . On peut se sentir fragile, ou puissant, parfois comme « touchée par la grâce ». Il arrive que l’on s’entende produire des sons et que l’on réalise à la fin « C’est moi qui ai fait ça ?! ».

J’y ai versé beaucoup de larmes, sur ces parquets, me suis confrontée à toutes sortes d’émotions et sentiments, j’ai chanté de tout mon coeur des mémoires qui surgissaient d’on ne sait où.

Lorsque nous remettons en mouvement des zones « muettes » du corps, et lorsque de nouveaux sons viennent mettre en vibration des espaces intérieurs figés car « mis en état de protection » depuis un temps indéterminé, certaines émotions enfouies peuvent ressurgir. Pour cela le cadre tenu par l’enseignant est très important, à la fois sécurisant et porteur.

Le travail consiste alors non pas simplement à laisser se vivre une « décharge émotionnelle », mais à guider l’élève à offrir cela dans le chant, le porter vers une expression consciente de l’être, et en faire une œuvre artistique de l’instant.

Ce chemin de la voix peut être en quelques sortes « initiatique ». C’est en tous cas la dimension que j’y ai senti dans ma propre expérience, et ce que je souhaite encourager dans les stages que je propose. Je suis d’autant plus heureuse de pouvoir animer en plus des stages "habiter sa voix", des stages en collaboration avec une thérapeute en transpersonnel. Nous utilisons ici clairement la voix comme un outil de connaissance de soi et d’évolution au même titre que les outils de la voie chamanique que suit Marion Rebérat.

Soutenu par les éléments, les plantes, le tambour et le travail vocal, ces stages en immersions ont pour but de s’alléger de limitations de la personnalité, pour aller vers l’expression de qui nous sommes vraiment.

Que ce soit pour les personnes sur un chemin artistique ou celles dans une simple démarche d’exploration et de connaissance de leur voix, ce processus vécu à travers les stages de chant est utile sur de nombreux plans.

Ces moments habités de vérité brute vécus dans les moments individuels notamment, seront source d’inspiration dans un travail ultérieur de recherche artistique pour la composition et l’écriture.

Sur la scène, l’interprétation ou l’improvisation resteront emprunte de la force de ces moments.

Je peux témoigner que ce travail m’aura permis d’être plus à l’aise sur scène, dans mon rapport au public.

Et puis, surtout, pour la vie en général, petit à petit à petit l’expression se délivre, les barrières de timidités et de doûte de nos capacité ou de notre valeur, les mémoires de honte ou autres formes limitantes commencent à fondre. Et alors quel sentiment de liberté !


Delphine, 04/09/2023


1
2
bottom of page